Christian Bobin : mon prozac à moi!!!
PLUS QUE 20 JOURS AVANT NOEL
Bonjour,
Est-ce le temps ? Est-ce un passage à vide ? Toujours est-il que je traîne une mélancolie sourde qui m'empêche de profiter pleinement de ce monde qui m'entoure. Un peu comme si j'étais dans l'attente d'une catastrophe ou que je me trouvais au fond d'un trou avec la lumière très très loin au-dessus et inaccessible.
Ce n'est qu'un passage et cela m'arrive de temps en temps... Grâce à Dieu, j'ai des antidotes pour ces moments-là, notamment un auteur qui m'accompagne, fidèle ombre lumineuse sur mon chemin plutôt sombre : Christian Bobin. Cet enchanteur des mots a quelque chose de transparent, il est comme un maître de la lumière. Il me fait penser à ces hivers qui transforment les décharges en paysages féériques.
Je vous livre ici un extrait de cet antidépresseur :
"Lundi 21 octobre
Ciel bleu pâle avec des restes de gris, arbre roux, lumières à foison léger vent doux : tu es morte donc tu ne vois plus ces choses. Qui sait, tu vois peut-être mille fois plus clair, mais cette beauté imparfaite, t'en voilà privée à jamais. C'est elle que j'ai envie d'écrire pour te la donner ainsi qu'aux vivants, aux souffrants - ce sont les mêmes. Le monde est terrible, des temps-ci. Beaucoup y trouvent juste de quoi survivre et il faudra bien qu'un jour les puissants payent pour ce qu'ils font aux faibles. Une vengeance ? Non, surtout pas de vengeance. Plutôt la joie convalescente d'une vie où plus persnne ne sera considéré en fonction de sa place dans la société. Regard devant regard. Parole devant parole. Et c'est tout. Et rien d'autre. Et comme les puissants ne lâcheront jamais rien, il faudra le leur prendre. Leur prendre quoi, leur argent ? Non, l'argent signe leur maladie, l'argent est leur maladie. Il faudra leur arracher ce dont ils sont le plus avares : un regard délivré de tout mépris. Un regard humain, simplement. Ce "simplement" est complexe. C'est à cela que je pense aujourd'hui devant la page où je m'apprête à noter de petites choses - un ciel bleu pâle avec des restes de gris, des arbres roux, des lumières à foison, un léger vent doux ..."
A bientôt
Marylo, la Rêveuse